Représentations discursives de variétés orales à l'écrit dans le texte littéraire de l'espace anglophone
Les relations entre oral et écrit loin d’être séparées par une frontière étanche seront appréhendées dans le projet « Représentations discursives de variétés orales à l’écrit dans le texte littéraire de l’espace anglophone » en ce qu’elles marquent une tension entre mimesis ou tendance au réalisme linguistique et marquage de la créativité linguistique de l’ordre du diaphasique. L’objectif sera de théoriser les stratégies discursives mises en œuvre à l’écrit afin de représenter différentes variétés d’oral au plan diatopique (géographique) comme aux plans diastratique (collectif d’ordre social) et diachronique. Il s’agira d’analyser les traces de l’oral à l’écrit et de chercher à identifier des systèmes de représentation(s) dans différents contextes, à reconnaître des points de divergence et de convergence de part l’espace anglophone et au cours du temps. L’oral à l’écrit permet de développer une problématique de l’identitaire abordée dans le rapport entre langue comme marqueur d’identité(s) et langue comme producteur d’identité(s). Les traces de l’oral à l’écrit s’inscrivent dans un équilibre entre fidélité et mémoire et altérité et évolution. L’identité de l’oral à l’écrit se trouve dans une construction symbolique : il s’agira d’examiner les choix discursifs afin de saisir ce qui relève de l’identité culturelle orale à l’écrit. La langue littéraire fera l’objet d’une caractérisation dans ce qu’elle a de variable : nous analyserons les variétés orales d’anglais à l’écrit en rapport avec la réalité sociolinguistique et en fonction des normes du texte littéraire. Les marques distinctives lexicales, phonétiques, morphologiques, syntaxiques seront appréhendées par le prisme de la transformation de l’oral et de son « intégration » à l’écrit. Ces « écarts oraux » dans le discours littéraire ont une valeur idéologique que le projet interrogera. La comparaison entre diverses époques et diverses sphères géographiques permettra de dégager des variantes et des constantes.
Ainsi, nous répondrons à diverses questions de recherche :
Les variétés orales à l’écrit obéissent à des compromis identifiables : la transcription est souvent régie par les mêmes critères. Ces variétés orales à l’écrit sont des variations de dialectes et de sociolectes qui ont un ancrage dans la réalité extratextuelle et qui sont tout à la fois des représentations de stéréotypes. Les acteurs du projet auront pour objectif de caractériser différents types dialectaux et sociolectaux à l’écrit et de comparer des transcriptions d’une même variété par différents auteurs. Les variétés orales représentées en littérature symbolisent les caractéristiques linguistiques qu’elles mettent en exergue.
Nous procéderons à la numérisation de textes ou de chapitres représentatifs de ceux-ci. Après avoir identifié les marqueurs les plus récurrents et les plus représentatifs de la variété considérée, nous procéderons à une analyse quantitative de ceux-ci grâce à des concordanciers informatisés (comme AntConc). Par marqueurs, nous entendons : le choix de mots lexicaux, les indices grammaticaux et morphosyntaxiques comme les temps, aspects, les accords, les déterminants nominaux, les variables phonologiques et orthographiques, les contractions, les mots élidés, les créations lexicales, les emprunts, les réduplications… Le repérage assisté par ordinateur nous permettra ensuite de retourner vers le texte afin de procéder à une analyse qualitative fine de certains passages. Nous ne perdrons pas de vue l’analyse discursive-énonciative et l’importance de la prise en compte du co-texte large, de l’instance d’énonciation. Si la réalité sociolinguistique sous-tend la représentation des variétés dans les textes littéraires, il conviendra d’identifier et d’analyser les tendances stéréotypiques, les tendances simplificatrices ou bien encore les tendances à l’exagération. Afin de matérialiser à l’écrit une variété de langue orale, le discours littéraire tend à créer de nouvelles normes.
Dans une phase plus avancée, voire ultime, du projet, nous envisagerons de mettre au regard certains segments ou passages des textes originaux (sources) et de leur traduction (cibles). Le choix des passages en question dépendra des résultats obtenus dans l’analyse monolingue. A ce stade de la recherche, nous aurons recours à des concordanciers bilingues (comme ParaConc). Notre recherche sera guidée par des questions de fond :
Toute traduction implique une recontextualisation : le rôle du traducteur est particulièrement malaisé lorsqu’il s’agit de traduire des variétés de langue orale à l’écrit ? Quels choix opérés ?
Projet : PAULIN Catherine
Participeront au projet : Anne BANDRY, PR UDS, EA 2325 SEARCH – Savoirs dans l’Espace Anglophone, Représentations, Culture, Histoire; Manuel JOBERT, PR Université de Lyon 3, CREA, Paris 10 ; Paul SIMPSON, Queen’s University, Belfast, Research Center in English Language and Linguistics ; Sandrine SORLIN, MCF HDR, Université de Montpellier, EA 741 EMMA – Études Montpelliéraines du Monde Anglophone
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